Citoyennâge 2016
L’entrée en établissement
et la rupture avec la vie d’avant
1 ) Avant l’entrée
On entre souvent en Maison de Retraite après une perte
d’autonomie, conséquence d’un incident médical, ou pour rompre la solitude. On
est alors pris au dépourvu. Nous sommes rares à faire le choix d’entrer de
notre plein gré. Mais faire du feu dans la cheminée avec une chaise et une
canne, non merci !!
Comment se préparer ?
Quand l'entrée est subie, ce sont les proches qui gèrent. Ce
sont eux qui choisissent et visitent les Maisons de Retraite. Le jour de
l’entrée, c’est l’inconnu… On se retrouve perdu, comme dans une bulle. Petit à
petit, on découvre alors la vie quotidienne d’une maison de retraite, mais c’est
très long. Le pion se déplace lentement. Mais quand l’entrée est choisie, on a
le temps de préparer son trousseau et de l’étiqueter.
Attention à ne pas trop se faire d’idées avant, elles peuvent
être fausses. On peut appréhender d’avoir toujours tout à demander, d’être
rabroué et de perdre sa liberté.
Il y a quand même un apprentissage de la vie en communauté à
faire.
Conseils pour se préparer à entrer :
Savoir que ça coûte cher
et qu’il y a peu de places. Il y en a qui ne peuvent pas et on peut être
éloigné de sa famille.
Comment choisir ?
il est important de voir ce qu’il y a au bout du chemin :
·
Se
renseigner sur les conditions de logement de plusieurs établissements
·
Le
mieux c’est d’aller visiter, voir l’ambiance, le programme d’animation. Peut-on
s'inscrire sur listes électorales ? Voir le système de sécurité. La
sécurité est importante, c’est la motivation n°1 pour entrer en institution. Si
on ne peut pas visiter soi-même, il vaut mieux faire confiance à ses proches.
- Pouvoir faire un essai (court séjour ou même demi-journée). Savoir
que l’on a le choix de changer d’établissement si ça ne va pas.
- Les visites de pré-admission : visite d’un représentant de la
maison de retraite au domicile ou à l’hôpital pour avoir des explications.
« Ça rassure ».
Le mieux, c’est
d’anticiper son entrée. « Prendre la décision m’a beaucoup aidé et ça a
soulagé mes enfants ». C’est mieux d’en parler avant, avec la famille. Ça
évite la brutalité de l’entrée.
2) L’entrée : la
rupture avec la vie d’avant
Le départ, c'est déboussolant. C’est un changement complet de la vie quotidienne. Finis
les œufs au plat et les grasses matinées ! On est alors projeté
parmi des gens que l’on ne connaît pas, il faut se séparer de tout. On est
étonné de voir autant de personnes en fauteuil roulant.
Les avantages de la vie en Maison de Retraite : ne plus
avoir à cuisiner, avoir
de la compagnie, des repas équilibrés et la sécurité médicale. Tout change, on est libéré de toute
contrainte MAIS on peut se sentir inutile.
Les inconvénients de
la vie en Maison de Retraite : on ne peut plus faire comme à la maison. En établissement, tout est
chronométré… On mange à telle heure, on se couche à telle heure. On vit avec
les autres surtout ceux qui n’ont pas toute leur tête. On doit s’adapter à
l’organisation de l’établissement.
Quand on part, on laisse tout et on n’a plus rien. C’est
difficile de dire au revoir à son chez soi, de se séparer de sa maison, ses meubles,
sa voiture, ses bouquins. « J’ai proposé d’offrir mes livres aux gens que
je connaissais. Cela m’a permis de mieux accepter mon entrée en institution, en
me disant que mes livres vivraient ailleurs ». On peut emporter quelques
affaires personnelles mais on ne peut pas emporter tout son
« bazar ».
Il est difficile de laisser ses animaux. Que vont-ils
devenir ? Ils dépendent de nous…
Parfois, la famille, les amis, les voisins promettent de
venir régulièrement. Mais dans la réalité, ils ne le peuvent pas. On ne peut
pas leur imposer d’obligations. Nous pouvons garder le contact grâce au
téléphone, voire internet : « nous ne sommes pas des sœurs
cloîtrées ».
C’est une vie coupée en deux. Il y a un avant et un après.
3) L’adaptation :
comment atténuer cette peine ? ce qui facilite l’adaptation
On rentre dans une vie qu’on apprend à connaître au fur et à
mesure. Il faut du temps. Je me suis dit : « voilà un jour de passé.
Demain sera différent ».
L’accueil, il doit être agréable :
· Etre bien reçu, avec le sourire
autour d’une discussion, avec gentillesse, et politesse. Ça compte beaucoup.
· Un sourire, une poignée de main de la
direction, ça fait plaisir. Mais parfois, ils sont trop souvent dans leur
bureau ou remplacés par des directeurs en intérim.
· Le personnel est un soutien au
moment de l’entrée. Il apporte réconfort et sécurité. Hélas, certains ne se présentent pas. Il est difficile de savoir le rôle de chacun. Un badge avec le
prénom, des tenues de couleurs différentes par métier et une photo de
l’ensemble du personnel peuvent nous aider à nous repérer.
· A l’entrée, nous pouvons avoir des
questions. C’est bien de savoir vers qui se tourner comme un
porte-parole : résident référent de l’accueil et les représentants du
Conseil de la Vie Sociale.
· Le livret
d’accueil ? Nous n’avons pas souvenir de l’avoir lu. Dans certains établissements, un
plan de journée est affiché dans la chambre. Un guide simple qui résume les
informations les plus importantes pourrait être à notre disposition.
Attention : écrit en gros caractère !!!
·
Un
pot de l’amitié avec des résidents volontaires pour accueillir, ça met à l’aise.
Toutefois, il ne faut pas l’imposer et cela dépend de l’état de santé.
·
Parfois
on se rend compte à table qu’il y a une nouvelle personne. On se dit :
« c’est qui celui-là ! ». Une affiche peut nous informer de
l’arrivée d’un nouveau résident. Elle doit être située dans un lieu de passage,
avec un mot de bienvenue nommant la personne : « La direction, le
personnel et les résidents souhaitent la bienvenue à Mme Dupont ». Mais
certains ne peuvent lire l’affiche. Une présentation à table reste plus
conviviale.
·
Il est appréciable de recevoir un cadeau de
bienvenue : un bouquet de fleurs, une savonnette ou encore un objet
fabriqué par les résidents. C’est un geste d’amitié.
·
Personnaliser
sa chambre permet de se recréer un chez soi. Le fait de pouvoir avoir des
photos chez soi, exposées, ça donne le moral, c’est comme si on était avec la
famille. Dans certains établissements, on ne peut pas fixer ce que l’on veut au
mur ou on ne peut apporter ses meubles. Pour ne pas dégrader les murs, certains
établissements posent des tringles pour accrocher des tableaux, des photos.
Conclusion :
Entrer en
Maison de Retraite, c’est comme traverser un pont entre deux rives. C’est un
lieu pour une autre vie. Cependant, la vie continue.
« Si tu ne peux pas courir, marche. Si tu ne peux pas
marcher rampe. Mais il y aura toujours une Maison de Retraite pour t’aider à te
relever ».
« La vie est un livre. Il faut tourner les pages pour
avancer et parfois se résoudre à finir un chapitre que l’on a adoré ».
Synthèse rédigée avec
la participation de Melle Aubert (Lezoux), Mme Ballani (Beauregard-l-Evêque),
Melle Bardin (Cunlhat), Mme Compagnon (Pont-du-Château), M. Duchamp (Cunlhat), Mme
Granghon (Lezoux), Mme Lemoing (CCAS, Clermont-Ferrand), Mme Tollet
(Courpière).