jeudi 16 octobre 2014

Synthèse Citoyennage 2014

La vie en communauté

Ce sont des gens qui vivent ensemble, dans un même lieu, pour une même cause et les mêmes activités. Cette vie, on l’a parfois découverte avant l’Ehpad: à l’école, en pension, au régiment, dans la cité Michelin, et en couple, bien ou mal …

C’est un nouveau mode de vie, on vivait seul chez soi avec ses habitudes et sa gestion de vie.

Mais cette nouvelle communauté où l’on va vivre, on ne l’a pas choisie le plus souvent. On subit, on y rentre quand on devient malade et qu’on ne peut plus rester seul.


Quand, comment, où apprendre à se connaitre?


Accueillir l’arrivant avec son cœur comme on aimerait pour soi.
Le personnel doit nous inciter à nous présenter, à sortir, à aller vers les autres et aux animations. Il est plus facile de faire connaissance avec les autres dès qu’il y a un membre du personnel. C’est très souvent celui-ci qui débute la conversation.

         On se rencontre à table, en activité en petit groupe, devant l’ascenseur, dans le hall d’entrée de la maison de retraite (j’y ai trouvé un petit coin  où je peux voir et entendre tout ce qui se passe) ou à l’occasion de sorties qui permettent de garder le contact avec l’extérieur.


         La base, c’est en se disant bonjour, en étant poli, en échangeant des sourires, en étant convivial, avenant. C’est l’intelligence du cœur.
Comme on ne sait pas trop de quoi se parler, la conversation part sur la météo, puis les enfants, son vécu, les petites douleurs, des points communs qu’on se trouve. On ne va pas raconter toute sa vie quand même, il faut garder un peu de son intimité.
On peut aussi faire connaissance en aidant les personnes, en distribuant le courrier…

Ce qui peut aider :
-   le caractère souriant, la bonne humeur, la bonne santé, le jeune âge et son dynamisme
-   des animations en petits groupes, des réunions pour parler, des fêtes, des échanges entre établissements, des sorties.
-   Changer parfois de voisins de table lors de repas festifs, manger plus souvent avec le personnel, dehors, en plus petit comité.
-   Mettre une étiquette nominative pour identifier notre place et nos voisins de table.
-   Mettre des badges lisibles aux professionnels pour savoir à qui on a affaire
-   Aménager des endroits bien accueillants, des salons bien identifiés dedans, des bancs dehors.
-   La direction peut nous aider par sa présence, son contact, sa poignée de main, sa politesse, sa disponibilité, son humanité. Elle doit faire partie de la vie en communauté.

Ce qui n’aide pas :
-   La timidité, la surdité, la maladie, l’humeur changeante, l’isolement, la barrière de la langue, le manque d’éducation… Les regards sur soi qui impressionnent,  y a des regards qui nous diminuent et d’autres plus souriants. La peur d’être mal jugé, je ne préfère rien dire plutôt que de dire des bêtises ou de vexer.
-   Un personnel qui tourbillonne et qui est toujours pressé malgré lui.


La solitude

Celle qui ne fait pas souffrir, qui est voulue :
On a parfois besoin d’être seul, pas toujours en communauté, pour faire le vide. On se replie dans notre chambre, notre espace avec nos meubles, nos photos, notre intimité. Notre chambre on n’a plus que ça. C’est dur quand il faut la partager avec quelqu’un qui n’a pas forcément la même façon de vivre. On parle la même langue mais on vit dans des mondes différents.


Celle qui est subie et qui peut faire souffrir :
C’est quand on est seul, que personne ne nous parle. C’est la solitude au milieu des autres. On s’habitue au silence et l’on ne dit rien.
Il faut que le personnel la repère, qu’il nous parle, nous aide à nous sentir exister. On a bien des voisins mais la famille, les amis nous manquent, c’est une sorte de solitude entourée, pas loin des autres mais chacun dans sa chambre.

La solitude c’est la pire des choses, il faut se rencontrer, se parler, s’ouvrir. Faire venir les familles, les enfants, les écoles… Les animaux de compagnie peuvent aussi nous aider à lutter contre.



Respect des différences/ cohabiter

Il faut cohabiter avec toutes nos différences :
- caractère
-   religieuses
-   socio-culturelles et intellectuelles. On n’est pas tous du même milieu.
-   pays d’origine, culture, langue et même région (c’est plus facile quand on est de la région)
-   âge : 60 à 100 ans
- différence dans les handicaps. La maladie mentale engendre plus de difficultés que le handicap physique pour vivre en communauté.

Comment supporter les cris, les déambulations, les gens qui mangent salement, ça coupe la faim…? Comment faire la conversation avec quelqu’un qui a perdu la raison? Peut-on toujours parler de plaisir à être ensemble?

On est obligé de subir et/ou de tenter de fuir. Ça fait mal au cœur de les voir comme ça. On est impuissant mais on peut faire des petites choses pour eux, les aider à retrouver leur place. Il faut être patient, ne pas brusquer, rassurer, prendre par la main parfois.
On devrait se faire expliquer un peu mieux la maladie.
On compte sur le personnel pour être vigilant, recadrer quand ça ne va pas, s’assurer de la bonne ambiance à table…

Mieux vaut quand même vivre ensemble que tout seul. Ça motive : la collectivité ça permet de faire des choses que l’on ne faisait pas avant. Si on était seul, pourquoi s’habiller, se lever…

Vivre ensemble, c’est aussi à un moment donné vivre les décès quand un résident nous quitte. C’est bien qu’on nous prévienne, qu’on nous le dise et que ce soit écrit. Il faudrait pouvoir emmener aux obsèques ceux qui le peuvent et le veulent pour la personne et sa famille ; aussi faire signer une carte à transmettre à la famille.
On a besoin aussi d’avoir des nouvelles quand une personne est hospitalisée, on voudrait parfois rendre une visite, on vit ensemble quand même. On fait ça dans un village.

Bien cohabiter, c’est respecter le handicap, aller au-delà de l’étiquette. C’est partager, être attentif.
Apprendre à être avec les autres, apprendre à accepter, supporter soi-même et les autres, se découvrir soi-même au milieu des autres.
Apprendre à respecter les autres, leur façon de penser, écouter ce qu’ils ont à dire, développer sa tolérance.
J’ai appris à modérer mon regard sur les personnes handicapées, à être plus discret pour ne pas blesser.


On est tous vieux, soyons solidaires.
Que chacun y mette du sien et tout ira bien !