La vie en communauté
Ce sont des gens qui
vivent ensemble, dans un même lieu, pour une même cause et les mêmes activités.
Cette vie, on l’a parfois découverte avant l’Ehpad: à l’école, en pension, au
régiment, dans la cité Michelin, et en couple, bien ou mal …
C’est un nouveau mode de vie, on vivait seul
chez soi avec ses habitudes et sa gestion de vie.
Mais cette nouvelle communauté où l’on va
vivre, on ne l’a pas choisie le plus souvent. On subit, on y rentre quand on
devient malade et qu’on ne peut plus rester seul.
Quand,
comment, où apprendre à se connaitre?
Accueillir l’arrivant avec son cœur comme on aimerait pour soi.
Le personnel doit
nous inciter à nous présenter, à sortir, à aller vers les autres et aux
animations. Il est plus facile de faire connaissance avec les autres dès qu’il
y a un membre du personnel. C’est très souvent celui-ci qui débute la
conversation.
On se rencontre à table, en activité en petit groupe, devant
l’ascenseur, dans le hall d’entrée de la maison de retraite (j’y ai trouvé un
petit coin où je peux voir et entendre
tout ce qui se passe) ou à l’occasion de sorties qui permettent de garder le
contact avec l’extérieur.
La base, c’est en se disant bonjour, en étant poli, en
échangeant des sourires, en étant convivial, avenant. C’est l’intelligence du cœur.
Comme on ne sait pas
trop de quoi se parler, la conversation part sur la météo, puis les enfants, son
vécu, les petites douleurs, des points communs qu’on se trouve. On ne va pas
raconter toute sa vie quand même, il faut garder un peu de son intimité.
On peut aussi faire
connaissance en aidant les personnes, en distribuant le courrier…
Ce
qui peut aider :
-
le
caractère souriant, la bonne humeur, la bonne santé, le jeune âge et son
dynamisme
-
des
animations en petits groupes, des réunions pour parler, des fêtes, des échanges
entre établissements, des sorties.
-
Changer
parfois de voisins de table lors de repas festifs, manger plus souvent avec le
personnel, dehors, en plus petit comité.
-
Mettre
une étiquette nominative pour identifier notre place et nos voisins de table.
-
Mettre
des badges lisibles aux professionnels pour savoir à qui on a affaire
-
Aménager
des endroits bien accueillants, des salons bien identifiés dedans, des bancs
dehors.
-
La
direction peut nous aider par sa présence, son contact, sa poignée de
main, sa politesse, sa disponibilité, son humanité. Elle doit faire partie de
la vie en communauté.
Ce
qui n’aide pas :
-
La timidité, la surdité, la
maladie, l’humeur changeante, l’isolement, la barrière de la langue, le manque
d’éducation… Les regards sur soi qui impressionnent, y a des regards qui nous diminuent et
d’autres plus souriants. La peur d’être mal jugé, je ne préfère rien dire
plutôt que de dire des bêtises ou de vexer.
-
Un
personnel qui tourbillonne et qui est toujours pressé malgré lui.
La
solitude
Celle
qui ne fait pas souffrir, qui est voulue :
On a parfois besoin d’être seul,
pas toujours en communauté, pour faire le vide. On se replie dans notre
chambre, notre espace avec nos meubles, nos photos, notre intimité. Notre
chambre on n’a plus que ça. C’est dur quand il faut la partager avec quelqu’un
qui n’a pas forcément la même façon de vivre. On parle la même langue mais on vit dans
des mondes différents.
Celle
qui est subie et qui peut faire souffrir :
C’est
quand on est seul, que personne ne nous parle. C’est la solitude au milieu des
autres. On
s’habitue au silence et l’on ne dit rien.
Il
faut que le personnel la repère, qu’il nous parle, nous aide à nous sentir
exister. On a bien des voisins mais la famille, les amis nous manquent, c’est
une sorte de solitude entourée, pas loin des autres mais chacun dans sa
chambre.
La
solitude c’est la pire des choses, il faut se rencontrer, se parler, s’ouvrir. Faire venir les familles, les enfants, les écoles… Les
animaux de compagnie peuvent aussi nous aider à lutter contre.
Respect
des différences/ cohabiter
Il faut cohabiter
avec toutes nos différences :
-
caractère
-
religieuses
-
socio-culturelles
et intellectuelles. On n’est pas tous du même milieu.
-
pays
d’origine, culture, langue et même région (c’est plus facile quand on est de la
région)
-
âge
: 60 à 100 ans
- différence
dans les handicaps. La maladie mentale engendre plus de difficultés que le
handicap physique pour vivre en communauté.
Comment supporter les cris, les déambulations,
les gens qui mangent salement, ça coupe la faim…? Comment faire la
conversation avec quelqu’un qui a perdu la raison? Peut-on toujours parler de plaisir à être ensemble?
On est obligé de subir
et/ou de tenter de fuir. Ça fait mal au cœur de les voir comme ça. On est
impuissant mais on peut faire des petites choses pour eux, les aider à
retrouver leur place. Il faut être patient, ne pas brusquer, rassurer, prendre
par la main parfois.
On devrait se faire
expliquer un peu mieux la maladie.
On compte sur le
personnel pour être vigilant, recadrer quand ça ne va pas, s’assurer de la
bonne ambiance à table…
Mieux
vaut quand même vivre ensemble que tout seul. Ça motive : la collectivité ça
permet de faire des choses que l’on ne faisait pas avant. Si on était seul,
pourquoi s’habiller, se lever…
Vivre ensemble, c’est aussi à un moment donné
vivre les décès quand un résident nous quitte. C’est bien qu’on nous prévienne,
qu’on nous le dise et que ce soit écrit. Il faudrait pouvoir emmener aux
obsèques ceux qui le peuvent et le veulent pour la personne et sa
famille ; aussi faire signer une carte à transmettre à la famille.
On a besoin aussi d’avoir des nouvelles quand
une personne est hospitalisée, on voudrait parfois rendre une visite, on vit
ensemble quand même. On fait ça dans un village.
Bien
cohabiter, c’est respecter le handicap, aller au-delà de l’étiquette. C’est
partager, être attentif.
Apprendre
à être avec les autres, apprendre à accepter, supporter soi-même et les autres,
se découvrir soi-même au milieu des autres.
Apprendre
à respecter les autres, leur façon de penser, écouter ce qu’ils ont à dire,
développer sa tolérance.
J’ai
appris à modérer mon regard sur les personnes handicapées, à être plus discret
pour ne pas blesser.
On
est tous vieux, soyons solidaires.
Que
chacun y mette du sien et tout ira bien !