CITOYENNAGE AUVERGNE 2015
Etre heureux en établissement
Le bonheur est très personnel. Chacun le voit à sa façon. On
recherche surtout le bien-être, voire le mieux être, une vie paisible et
supportable.
Qu’est-ce qui aide à se sentir
heureux en Maison de Retraite ?
Quand on est préparé à entrer, c’est plus facile d’être
heureux en établissement. Quand on vous dit vous ne pouvez plus rester chez
vous, il faut se cramponner et accepter que l’on ne peut faire autrement.
Le bonheur ça dépend des personnes qu’on fréquente et des
affinités : certains se
construisent une nouvelle famille.
On attend des professionnels qu’ils soient : à l’écoute, d’humeur égale,
qu’ils viennent quand on sonne dans la mesure du possible. L’idéal est d’avoir
une sonnette à notre portée surtout pour les personnes fragiles. L’équipe essaye de s’adapter aux habitudes de
vie mais il y a quand même des contraintes. Parfois on nous couche trop tôt. Il faut qu’il y ait
une compréhension, un respect réciproques. Ce ne sont pas des domestiques. Dans
certains établissements, le personnel mange le week-end avec nous ce qui est
très agréable.
Les appels, les
visites des proches nous donnent le sourire. Mais nous n’avons pas forcément
envie de les voir ici. Il nous faut des lieux intimes pour recevoir car
c’est notre privé, notre intimité.
Les autres résidents : on est heureux quand on fait de
belles rencontres. Mais c’est comme partout, il n’y a pas que des affinités.
Parfois certains résidents sont en difficulté. Si le personnel n’intervient pas,
on a envie d’aider, c’est un réflexe naturel. Mais il nous arrive de nous faire
reprendre par le personnel.
Pour être heureux, il faut la santé et la sécurité avant
tout. Mais être en bonne santé à notre âge, c’est beaucoup dire. Savoir qu’on
peut être soigné ça contribue au bonheur, ça tranquillise.
L’environnement
beau, très fleuri, verdoyant, ça donne envie. Les maisons de retraite ne sont
plus des mouroirs.
Le « bonheur dans l’assiette » ? Pas
toujours ! Parfois c’est trop copieux notamment le soir. Il y a aussi
beaucoup de gâchis. Et attention aux viandes trop dures à couper et à
manger !!
Avoir un peu
d’argent : c’est pas suffisant mais ça contribue au bonheur. C’est bien
d’en avoir un peu sur soi pour ne pas se sentir démuni. Ça rassure et ça permet de se sentir plus
libres comme par exemple pour les sorties.
L’animation pour être
heureux ?
L’animation c’est
essentiel, important pour le moral. Quand l’animateur est en vacances, cela
nous manque : nous aimerions qu’il soit alors remplacé pendant ses
absences. Les week-ends, on s’ennuie, on se sent seul. Il arrive que des
activités soient proposées le samedi mais c’est encore trop rare.
Le sourire des
animateurs c’est comme un rayon de soleil, un cadeau que l’on offre. Il est
gratuit et fait plaisir. L’humour est aussi important en Maison de Retraite.
« Qui n’a pas d’humour n’a pas d‘amour ». « C’est une évasion de
l’esprit ». Rire, c’est trouver un peu de bonheur pour mieux assumer son
âge.
Prendre soin de soi, ça contribue au bonheur ?
C’est très personnel,
ça dépend de l’état d’esprit et des capacités de chacun. C’est une forme de
dignité pour soi-même et les autres. Certains ont besoin d’aide pour la douche
mais par manque de moyens sont limités à une douche par semaine.
Pour prendre soin de soi,
il faut aussi avoir de l’activité physique quand nous le pouvons encore
(marche, gym, danse de salon). En Auvergne, on a quand même la possibilité de
faire de belles promenades !!
Prendre soin de soi,
c’est aussi prendre soin de son esprit, satisfaire sa curiosité. Les ateliers
mémoire, les groupes de discussion sont appréciés.
Tout le monde n’a pas
la beauté mais chacun a de la valeur. C’est l’élégance du cœur. Se complimenter
les uns les autres ça fait du bien, ça flatte. Il faut en donner et en recevoir.
Libre et heureux ?
La liberté c’est un grand mot. Elle fait d’ailleurs partie de
notre devise française. Mais il ne faut pas en abuser au détriment des autres.
Une maison de retraite
ce n’est pas une caserne. On est libre
de sortir oui, mais pas trop loin… : le handicap mais aussi l’aménagement de
l’établissement (pente, ascenseur, portes trop lourdes…) nous limitent. Il
faudrait rendre les espaces extérieurs plus accessibles.
Pour ceux qui ne
peuvent sortir seuls, il faut avoir des chambres d’une dimension qui ne fait
pas penser à des cellules, avoir de la clarté et pouvoir l’aménager selon ses
goûts.
Même si la liberté est limitée sur le plan physique, ça n’empêche pas de
donner son avis, de faire des choix. Par exemple : être libre de participer
aux animations, choisir ses vêtements…. Dire ce que l’on a sur le cœur :
ça soulage… Enfin ça dépend de la réaction en face. Il est important d’être
entendu et qu’on nous croit quand on dit quelque chose. Certains sont trop
timides et n’osent s’exprimer. Il faut être attentif à leurs avis. Il y a des réunions où nous avons la
parole : citoyennâge, commission des menus, conseil de la vie sociale…
C’est plus facile de parler en petit groupe. Le grand groupe peut bloquer.
Conclusion : On a le bonheur que l’on se donne. On ne peut pas être
heureux toute la journée. Il faut savoir chercher chaque jour un petit moment
où l’on a été heureux et on en trouve.
Avec l’aimable participation de (par
ordre alphabétique) : Mme Boudineau, M. Broutin, M. Dutheil, M. Lhermitte,
M. Méliand et Mme Roche.